Un train peut cacher un psychologue
Il grapille les secondes comme cela, depuis des années.
La première fois qu’il est passé sous les quarante minutes aux dix kilomètres, c’était il y a 8 ans au moins, au dix kilomètres de paris 14e. Depuis, il a progressé de course en course mais tout en restant fidèle au 39 (Comme Nicolas, il ne connaît pas le 38 !)
Sur semi marathon, cela fait aussi plusieurs années qu’il est abonné à moins de 1h 30. Chaque semi, il gagne 10 à 15 secondes, au bout de quelques années cela fait une minute, deux minutes. Et toujours, il progresse, il progresse.
Il a encore battu son record sur semi dimanche 7 mars à Paris. De 13 secondes ! En 1h27 ! C’est que petit à petit, il rejoint les premiers, Nicolas et Jean en point de mire.
Il a d’autant plus de mérite qu’il n’est pas régulier aux entraînements. On le voit par périodes, par à-coups, riant toujours d’on ne sait quoi. Une bonne blague qu’il garde pour lui. Un vrai jeune homme. Mais sous son air rigolard, il est sérieux. Il a préparé sa formation et son diplôme de psychologue tout en travaillant dans les trains (les wagons-lits) et maintenant il partage son temps entre les wagons-restaurants et des stages dons les hôpitaux ou les associations.
Il plaisante, il rigole, il est dégagé. Parfaitement sans souci, le bonhomme. Mais regardez-le bien, là, sous la commissure, vous ne trouvez pas qu’il y a là comme un pli ? Eh oui, bien sûr, on imagine bien, que dans une petite pièce, face à un grand déprimé ou un psychotique, il perde un peu de son naturel et que sur son visage apparaissent une ou deux rides.
Jean-Marc Geidel