Jean-Michel: le sceptique qui fait tomber les murs...
De prime abord, ce vendéen, originaire de La Roche Sur Yon, joue dans la catégorie: sérieux, attentif, appliqué. Du moins, il apparaît comme tel.
Et pour peu que vous l'observiez, au fil des entraînements, vous avez peu de chance d'être démenti.
Après avoir suivi une solide formation en école de Physique-Chimie à Paris,
Jean-Michel est devenu chercheur en économie et prospective énergétique à EDF Recherche et Développement...
Ajoutez à cela, la pratique de l'escrime pendant plus de douze ans, vous obtiendrez un "concentré d'énergie" très maîtrisé.
Lors de sa première participation au semi de Paris, en 2009, il réalise 1h32.
Voilà qui est prometteur pour un débutant, mais insuffisant à son gré. Alors, il se met en quête de trouver un club et vient à notre rencontre. Il ne le regrette pas. Les séances à V.M.A appréhendées collectivement paraissent moins ardues. Et, il ne tarde pas à se révéler: 1h22’58 lors du semi du Val de Marne, en mars dernier.
La progression est spectaculaire. En toute logique, il devrait s’orienter plus assidûment vers le marathon. Seulement, Jean-Michel est un iconoclaste de la course à pied.
Il aime s'entraîner seul, délaisser le chronomètre pour sortir des sentiers battus.
A la route toute tracée, trop étroite, il préfère s’évader sur les chemins de traverses. L’ultra a grâce à ses yeux. Pour satisfaire sa passion, il ira jusqu'à courir un 100 km sur ses terres natales en 2010, sans véritable préparation.
En juin prochain, il s'alignera sur le parcours le plus long du Grand Raid du Morbihan : 177 km à parcourir dans la lande bretonne !
Oenologue à ses heures, amateur de romans d'anticipation, de musique électronique et de poésie, Jean-Michel possède avant tout le goût de la liberté. Inutile de tenter de le convaincre de s’attarder sur les distances « classiques » du hors stade. Il se situe dans "la zone du dehors" pour paraphraser un de ces auteurs favoris.
Aller vite ou aller loin. Jusqu’à présent, il avait choisi de s’ouvrir l’espace plutôt que de courir contre le temps. Cet incorrigible sceptique doutait de tout et surtout de lui-même. Son dernier chrono devrait pourtant le rassurer. J’aimerais qu’il lui donne des « ailes ».
Jean-Jacques
Avec sa coupe à la Rimbaud et son look de grand romantique, il est difficile de l’imaginer en forcené de la piste. Stéphane suit son bonhomme de chemin sans forcer la dose, à l’écart des projecteurs (Pour un assistant de TV 5 France Monde, c’est un comble), à l’écart des sentiers battus aussi, tantôt à Casablanca, tantôt à Bali (Bali, c’est une image, je suis pas sûr qu’il y ait jamais été).
On l’imagine, pris dans la frénésie des studios d’enregistrement, trouvant ici ou là un peu de répit pour une heure ou deux d’entraînement, pour la forme, pour le fun, pour se détendre aussi. On savait pas qu’il avait dans l’idée de battre des records.
A Casablanca, Il y allait pour passer sous les 3h30, mais avec la chaleur et une blessure au genou, il s’est contenté de 3h 52, avec les félicitations de TV 5 et une mention spéciale, au flash des infos.
Il a continué son bonhomme de chemin, comme je disais, sans forcer la dose, sans épater la galerie. Et puis un beau jour, on apprend qu’il a battu son record dans un semi où presque personne ne savait qu’il était engagé, à Rueil, Reuil-Malmaison, si si, ils font un semi. Ah bon, et en quel temps, en 1h 33’ 53, ça alors ! Il avait vraiment des objectifs, il voulait vraiment faire un temps.
Quand on le retrouve au stade, il y a toujours une partie de lui qui semble ailleurs, pas vraiment sur la piste, comme s’il avait pas vraiment envie de se faire brûler par l’esprit de compet, pas vraiment envie de se faire brûler les ailes, pour pouvoir voguer ici ou là, au pays de la rêverie, au pays de l’aventure, au pays d’Alice. Les studios, les enregistrements, les truquages, le marathon des sables, Baliland.
Mais bon, il va pas s’arrêter là, quand même, il doit avoir, bien cachés au fond de lui, quelques objectifs, des objectifs bien secrets. Qu’il nous découvrira après coup, quand il sera lui-même pris et surpris.
Jean-Marc Geidel