Le ciel de Marc
Que savons-nous du ciel de Marc ?
Marc parle peu, de lui, de ses proches, de ses rêves.
Peut-être lui arrive-t-il de livrer ici ou là une confidence. Ceux qui ont eu le privilège de la recueillir sont restés discrets. Mais comme il dit peu, il ne faut pas qu’il s’étonne qu’on puisse s’imaginer beaucoup. Marc a le verbe rare, donc sa parole est chère.
Il arrive toujours avec ses grands yeux noirs et fait semblant de croire qu’avec un regard, tout est dit. Il parle de ses objectifs de courses, ajoute pour qu’on ne le croie pas timide : Oui, j’aimerais bien battre mon record à la prochaine. Du reste, je suis inscrit sur un 10 km à Melun. Tu m’en diras tant !
Marc est bien mystérieux et cultive le mystère.
Il fait penser à un poème de Michaux que j’aime bien, le ciel du spermatozoïde.
Le ciel du spermatozoïde, de Henri Michaux
Tous les spermatozoïdes ne sont pas comme celui de l'homme, tant s'en faut. Celui du crabe et davantage encore celui de l'écrevisse, ressemble à la corolle d'une fleur. Ses bras souples, rayonnants ne semblent pas à la recherche d'une femelle, mais du ciel. Cependant, étant donné la reproduction régulière des crabes, on suppose bien qu'il en va autrement.
En fait, on ne sait rien du ciel du crabe, quoiqu'à bien des gens, il soit arrivé d'attraper des crabes par les pattes pour mieux les observer. On sait moins encore du ciel du spermatozoïde du crabe.
Il y a au moins une chose que je sais de Marc, c’est qu’il progresse régulièrement de course en course. Quand il est arrivé au club, il courait le 10 km en 38min30, ce qui n’était déjà pas mal. Puis, il a gagné les secondes, les dizaines de secondes, les minutes, et le voilà maintenant en 36.
Justement, à Melun, comme je vous disais !
Et maintenant, son prochain objectif ? Demandez-le lui, il posera sur vous son intense regard noir, un léger sourire viendra colorer son visage, il dira : oh rien, pas grand chose, juste essayer de se maintenir.
Eh ben chapeau, p’tit Marc
Et c’est Jean-Marc qui te le dit
Jean-Marc Geidel