Otman, un esquif dans l’océan
Il avait toutes les qualités requises. A commencer par la silhouette. Un vrai look de coureur de fond. Il lui manquait la constance dans l’entraînement. Petit à petit, cette année, il a été plus régulier. On le voyait au moins…, au moins, une fois par mois. Puis une fois par semaine. Parfois deux… et même trois.
Bien caché dans son groupe 2, il se tenait en embuscade. Il aurait pu passer sous les quarante minutes aux dix kilomètres du 12e, mais les conditions n’étaient pas au rendez-vous. L’orage juste avant le départ a empêché un échauffement correct, l’encombrement de la piste, la pluie, les chaussures mouillées, les flaques, tout cela n’a pas contribué à optimiser son temps. C’est pas grave. Ce sera pour une prochaine.
Ce que l’on voit, c’est la progression. 1h38 au semi de Paris en mars, 1h36 au semi du marathon de Paris en avril (eh oui, ce petit malin a fait le marathon en relais avec un ami !), 41 min 10 au 10 km de Handicap en mai, et 40 min12 aux 10 km de Paris 12e le 6 juin. Sans parler du 5km du TIP un peu particulier à cause de la chaleur et du cumul de courses.
Tout le monde a pu apprécier ses talents pour la cuisine, ses salades légendaires au parfum exotique. On attend tous avec impatience le prochain pique-nique pour découvrir un nouveau plat qu’il va nous mijoter. (rendez-vous au marathon-relais du Val de Marne : ndcqebppvld*). Mais il y a aussi la nourriture spirituelle avec les expos à Beaubourg que bon nombre d’entre nous avons visité sous sa houlette. Otman aime à rendre service. Avec efficacité et discrétion. De là où il se trouve, le plus grand plaisir qu’il a est de tendre une main. De cueillir un regard. D’échanger une plaisanterie. Il vient de loin. Il vient de très loin. Pas seulement le pays. Mais c’est tout un monde qu’il a quitté, tout un monde qu’il vient découvrir. Avec une soif formidable d’apprendre, de découvrir, d’échanger.
Il va nous surprendre encore. Dès qu’il ne sera plus à l’affiche, dès qu’il cèdera sa place à un autre athlète du moment, il continuera sa progression, il poursuivra sa route. Comme un navire qui vient de larguer les amarres. Et qui ne connait pas encore son port d’attache.
Jean-Marc Geidel
Ndcqebppvld* : Note de celui qui est bien placé pour vous le dire.
Jean-Jacques, Un talent sous le talon
Ce dimanche matin, après la course des dix kilomètres de Paris 12e, Jean-Jacques exultait : 7, disait-il, 7 !
Je me demandais s’il voulait s’accorder 7 jours de repos après tous ces mois de travail, nous proposer un nouveau plan de 7 heures d’entrainement ou quel autre sens pouvait avoir ce chiffre de 7.
7, disait-il. 7 records battus !
Eh bien, voilà qui couronne une saison d’efforts. J’ai pensé que, contrairement à un certain Domenech, Jean-Jacques allait pouvoir dormir tranquille sur ses deux oreilles cette nuit. Avec la satisfaction du devoir accompli.
C’est qu’on a tous été surpris et émerveillés par ce talent caché de Jean-Jacques. Quand il a passé sa formation d’entraîneur, en février, je n’imaginais pas qu’il allait s’investir à ce point. J’ai eu la chance, grâce à ma blessure, de me retrouver recalé au groupe 2. Eh bien, l’énergie que dégage Jean-Jacques, c’est vraiment étonnant. Et vraiment communicatif. Il vous donne envie de faire tout ce à quoi vous n’avez jamais cru, courir droit par exemple, lever les genoux, utiliser les bras, respecter un programme… Bref, tout ce qui devrait être mortellement ennuyeux s’allume sous l’éclat de son regard.
Je suis pas un bon exemple, je fais pas partie de ceux qui ont battu leur record à cette course, ni même leur meilleure performance de la saison. Il n’empêche. Chacun de nous trouvera ici ou là un motif de satisfaction qu’on attribuera à Jean-Jacques. C’est Chiara qui, un peu déçue de ne pas avoir battu son record, se retrouve quand même 2e féminine dans sa catégorie. Ou bien moi qui ne fais pas un temps formidable, mais qui fais une bonne deuxième partie de course. Etc., etc.
Et comme actuellement, Jean-Jacques est blessé, toute sa niake est mise à notre profit. En attendant qu’il retrouve la forme pour lui-même et qu’il puisse revenir courir avec nous sur la piste. Ce qu’on lui souhaite de tout cœur.
Vous avez remarqué une chose. Avant, quand il était simple coureur, Jean-Jacques s’était fait une spécialité de vous envoyer des petites vacheries. A la réflexion, je me demande s’il n’y a pas un équivalent de gentillesse entre « petite vacherie » et « compliment ». Cet équivalent, je crois qu’on pourrait l’appeler « une pensée affectueuse ». Ne croyez-vous pas ?
Jean-Marc Geidel