Le trail de la Vallée de la Loue, avec ses 40 ou 60 km et ses 1500m de dénivelé, constitue la 4^ème étape du challenge des trails de l’Est. Il a pour cadre une pittoresque vallée, paradis des randonneurs et pêcheurs, située à 20km de Pontarlier.

Après la 6000D, ce trail était pour moi la dernière occasion de tester ma préparation physique et le matériel que j’utiliserai dans le Grand Raid de la Réunion. Christian et un ami coureur m’avaient accompagné dans cette aventure, choisissant le circuit des 40km tandis que j’optais pour les 60km.

Un violent orage avait éclaté la nuit précédente. Bien qu’il eut troublé notre sommeil, détrempé les chemins obligeant les organisateurs à le modifier à la dernière minute le parcours il avait mis un terme à la canicule de ces derniers jours.

C’est donc sous un ciel menaçant et une pluie légère que ce 27 août, 143 trailers rassemblés sur la place de la mairie de Mouthier-Haute-Pierre, s’élancèrent en direction des sources de la Loue.

Christian et un coureur dijonnais caracolaient en tête tandis que le peloton se disloquait lentement. Le comportement « moutonnier » du peloton fit que personne ne s’aperçut que les hommes de tête s’étaient engagés sur une mauvaise piste.

Bientôt, je fis parti d’un groupe de 6 coureurs isolés qui s’engagèrent dans un chemin forestier qui partait à l’assaut d’une crête. Après 20’ d’ascension nous comprîmes notre erreur, nous étions isolés au milieu de la forêt, démotivés et maudissant l’organisation. Nous décidèrent de rejoindre Mouthier et d’abandonner.

Par pur hasard nous croisâmes le parcours du trail. Le 1^er ravitaillement située au 6éme km fût atteint en 1h30’ de course. Nous n’avions plus aucune idée de notre position dans la course et pensions même être passés en tête ce q’un bénévole démentit.

Mon seul objectif fût alors de trouver la motivation nécessaire à la réalisation des 60km en essayant de ne pas terminer dernier. Accélérant le rythme, au risque de me « griller », j’abandonnais mes compagnons et me lançais à la poursuite des coureurs.

C’est au ravitaillement du 15éme km atteint en 2h40’ de course, que je rattrapais mon premier coureur. Une dizaine d’autres furent dépassés avant que j’atteigne le point de contrôle de Chateauvieux au 30éme km.

Les concurrents étaient très disséminés. J’ai couru seul pendant prés de 45’ sur les chemins forestiers avant dépasser d’autre retardataires qui heureux de trouver une compagnie m’accompagnaient pendant quelques centaines de mètres. 

A 6 km de l’arrivée, l’épuisement était tel que je n’avais même plus la force de courir sur terrain plat.

Christian prit un malin plaisir à fixer sur la pellicule mon visage stigmatisé par la fatigue. La ligne d’arrivée fût franchie en trottinant après 8h14’ de bataille contre les défaillances du corps et de l’esprit.