La vallée des Aldudes, située en basse Navarre, fut le théâtre de la première édition de l’Euskal Trail. Initié par un groupe d’ami sportifs, passionnés du Pays Basque, ce Trail succède aux trois éditions d’un Raid mythique de 160 km et 7500m de dénivelé positif qui arpentait en quatre jours les montagnes Basques de part et d’autre de la frontière franco-espagnole. Ce raid auquel j’ai eu le plaisir de participer l’année précédente nécessitait des notions d’orientation. De plus, il avait l’inconvénient d’être cher et très sélectif, il rassemblait de fait un nombre restreint de participants qui assuraient une grande convivialité mais menaçait l’équilibre financier de l’association. Les organisateurs ont donc modéré la distance et la durée de cette compétition, donnant ainsi naissance à l’Euskal Trail. Long de 80 km, avec près de 4500 m de dénivelé positif , ce Trail permet sur deux jours à des équipes de deux coureurs de relier Saint Etienne de Baïgorry et Urepel en empruntant une succession de sommets, crêtes et cols puis de retourner à Baïgorry sur l’autre versant de la vallée.

Une animation inhabituelle régnait sur la place de la Mairie vers 8 h le samedi 10 juin. 91 équipes s’apprêtaient, sous un ciel menaçant, à prendre d’assaut les pentes du mont Autja dont le sommet culminant à 1306 m était caché par les nuages. L’organisation annonçait des conditions météorologiques exécrables en altitude et nous invitait à la plus grande prudence en matière de tenue vestimentaire. Ceci n’empêcha pas quelques concurrents de s’élancer munis d’un tee-shirt protégé d’un sac poubelle amélioré. Ils le regrettèrent amèrement. Une température de 3 degrés , un vent soufflant en rafales et une pluie battante contraignirent 28 équipes, transis par le froid et l’humidité, à abandonner. Moi même malgré un équipement d’alpiniste, au bord de l’Hypoglycémie j’ai songé à plusieurs reprise à l’abandon. Malgré tout nous poursuivîmes notre route sur des sentiers transformés en torrent de boue qui furent à l’origine de nombreuses chutes . Enfin après 7h01 mn d’effort nous franchîmes la ligne d’arrivée à Urepel, terme de cette première étape, nous classant en 26^ème position sur les 63 équipes survivantes. Un copieux repas peu diététique mais présentant le meilleur de la gastronomie basque ainsi qu’une bonne nuit de sommeil permis à nos organismes affaiblis de trouver l’énergie et le courage nécessaire pour nous aligner sur la ligne de départ. Ce courage manqua à quelques équipes qui angoissées à l’idée de se relancer dans la pluie et le brouillard décidèrent de ne pas repartir. Cette deuxième journée fut relativement plus facile que la première. Le parcours était plus roulant, la température était remontée et la pluie ‘était transformée en crachin. Malgré tout la visibilité restait nulle et la progression se déroula dans les nuages. De temps en temps un bruit de cloche nous indiquait la présence de pettocks ou de manechs à proximité. Parfois les pétarades des motos tout terrain affrétées par l’organisation pour assurer. Notre sécurité venait troubler notre solitude. Deux km avant l’arrivée, Pascal se fit une entorse cela ne l’empêcha pas de franchir la ligne d’arrivée au sprint, nous permettant de grappiller une place, après 6h 48 mn d’effort. à l’issue de cette épreuve nous remontions à la 20^ème place au classement général. Après un remise des prix sympathique au cours de laquelle nous accueillons les derniers concurrents au milieu d’une haie d’honneur un repas tout aussi copieux et arrosé que le premier nous fut servi. Le vin d’Irouleguy aidant quelques convives autochtones nous présentèrent un échantillon de danses basques au son d’un orchestre local. C’est fort tard que nous regagnons notre logement en ayant une petite pensée pour tout les bénévoles et plus ^particulièrement pour ceux qui restèrent plusieurs heures seuls dans la bourrasques pour pointer les concurrents et sans qui ce Trail n’aurait pu avoir lieu.