Avec son regard de fausse timide, elle vous donne
l’impression de « n’en penser pas moins… ». Et de savoir ce qu’elle
veut.
A quoi pense-t-elle, avec son regard en coin, sa
voix à peine audible, comme si elle n’était là qu’à moitié, comme si
elle planait ailleurs.
Oui, mais voilà, cette façon d’être ailleurs,
c’est seulement du deuxième degré, une apparence.
Au troisième degré (promis, au quatrième, j’arrête), au troisième degré, donc, elle est là et bien là, à tout pointer, à tout noter, avec cette façon qu’elle a d’opiner de la tête, de planter son stylo derrière l’oreille, un cahier à la main, avec un air d’étudiante, avide, curieuse de tout, bref…
Un jour, elle nous ramène un bel australien, un
autre jour, elle le renvoie à l’autre bout du monde, de Carole en Corée,
un autre jour enfin, elle nous présente sa cousine, ben quoi, c’est
juste un ballon d’essai, oui, un ballon, il paraît qu’il y en a beaucoup
dans la région d’où elle vient, en Lorraine, dans les Vosges. Un jour,
elle va venir avec quelqu’un, je ne vous dis pas qui, ça va dépayser.
En attendant, elle vous invite à un barbecue, on
est jeune, on danse, on drague, on se fait des clins d’œil. Et elle,
elle sourit timidement. Enfin, faussement timidement bien sûr. Comme on
sait. Au troisième degré.
Et le club, et les courses, Carole sourit
timidement, oui, oui, j’ai rédigé le compte-rendu de l’AG, oui, j’ai
bien avancé sur le site, j’ai mis une petite griffe, la griffe Carole,
et au fait, oui, j’ai bien réussi mon Paris Versailles, oui, oui,
contente, 1h25, c’est pas mal, mieux que prévu, et au dernier 10 km, ah,
oui, ça y est, je suis passée sous les 50 minutes, oui juste un peu au
dessous, 48min 09, fière ?, non pourquoi fière, je suis contente, c’est
tout.
Voilà, voilà Carole, très sympa, très mignonne
très Lolita…
Et pas fière…